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PLF2025 : Attac remet un chèque de 60 milliards à l’Assemblée nationale
30 janvier, par Attac France — SUMJeudi 30 janvier à 9h, une délégation d'Attac s'est rendue à l'Assemblée nationale pour remettre aux membres de la commission mixte paritaire (CMP) un chèque de 60 milliards d'euros à l'ordre du Trésor public. Cette somme représente le montant qu'il serait possible de récupérer en appliquant sept mesures pour mieux taxer les plus riches et les multinationales.
La délégation a été reçue par le président de la commission des finances et vice-président de la CMP Eric Coquerel, qui a pris bonne note de nos sept propositions. Ces mesures permettraient de dégager au moins 60 milliards de recettes supplémentaires pour financer les urgences écologiques et sociales.
Un montant bien supérieur aux 8 milliards de recettes estimées de la surtaxe pour les grandes entreprises, déjà prévue dans les propositions de Michel Barnier et réintroduite par François Bayrou. Cette mesure est considérée comme une concession de justice fiscale pour justifier les plus sévères coupes budgétaires programmées depuis une vingtaine d'années.
Pour Lou Chesné, porte-parole d'Attac : « Nous remettons ce chèque à l'Assemblée nationale pour faire passer un message clair : des mesures de justice fiscale peuvent et doivent être mises en œuvre pour mieux imposer les plus riches et les multinationales et financer les urgences sociales et écologiques. Certaines avaient d'ailleurs été votées par l'Assemblée nationale lors des discussions sur le budget fin 2024. »
Pour Vincent Drezet, porte-parole d'Attac : « Nous dénonçons le choix du gouvernement de reprendre la proposition de budget Barnier dans un calendrier accéléré cadenassant le débat parlementaire. Le débat nécessaire sur les mesures de justice fiscale est tronqué. La règle de l'entonnoir s'applique, et il est désormais impossible d'introduire une nouvelle disposition par rapport à la proposition du gouvernement Barnier. »
Pour Lou Chesné, porte-parole d'Attac : « Les arbitrages qui vont déterminer les grandes lignes du budget seront discutés en petit comité, lors de discussions opaques entre les membres de la CMP où le bloc central dispose de la majorité. C'est un déni de démocratie, à quoi nous répondons : un autre budget est possible ! Nous portons la voix des organisations associatives, syndicales, écologistes exclues de ces débats, qui soutiennent largement nos propositions. »
En avril 2024, Attac avait déjà tenté de remettre un chèque de 60 milliards à Bruno Le Maire, en se rendant au ministère de l'Économie et des Finances. Sans surprise, la délégation n'avait pas été reçue par le ministre, sans doute occupé à planifier les prochaines coupes dans les budgets sociaux et écologiques.
Pour en savoir plus
La CMP qui se réunit aujourd'hui doit tenter de trouver une proposition de compromis pour le budget 2025, sur la base de la proposition du gouvernement Barnier amendée par le Sénat. Ce dernier y a ajouté de nouvelles coupes budgétaires, ce qui en fait le budget le plus austéritaire depuis une vingtaine d'année.
Loin d'assister à un « recentrage », c'est plutôt d'un durcissement que ce budget témoigne. La priorité de ce gouvernement, à l'instar des précédents, reste donnée à la baisse des dépenses publiques sans qu'aucun rééquilibrage du système fiscal vers plus de justice, ne soit envisagé et ce au mépris d'un débat démocratique, pourtant indispensable après la censure du gouvernement Barnier. Les acquis et privilèges fiscaux d'une petite minorité de super-riches et de multinationales ne seront pas remis en cause. La justice fiscale, sociale et écologique est foulée aux pieds.
L'extrême droite, qui refuse toute hausse d'impôt pour les plus riches et qui plaide pour l'austérité, peut quant à elle être satisfaite. A ce stade, le recours à l'article 49-3 semble inéluctable. Et la censure du gouvernement possible... pour ne pas dire souhaitable !
La campagne d'Attac pour la justice fiscale
En 2025, la justice fiscale sera au cœur de la mobilisation d'Attac. Alors que les débats sur le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 sont à nouveau d'actualité, nous poursuivons notre travail de décryptage et de contre-proposition.
Les superprofits record des grands groupes gonflent les super-patrimoines des super-riches par le versement de dividendes à leurs actionnaires. Dans le même temps, le reste de la population subit de plein fouet l'inflation et les hausses de prix imposées par les grands groupes pour alimenter leurs profits. Cette injustice est fiscale, sociale, mais aussi écologique : car la gabegie des cadeaux fiscaux se fait au détriment des investissements publics nécessaires pour le financement de la transition climatique.
Des alternatives existent : il est urgent de les mettre en œuvre ! Une véritable révolution fiscale s'impose, qui doit prendre le contre-pied des politiques néolibérales. Attac propose six mesures d'urgence pour mettre un terme à l'injustice fiscale, sociale et écologique. Alors que la pauvreté explose et que la crise climatique provoque des ravages en France et partout sur la planète, ce sont pas moins de 60 milliards d'euros par an qui pourraient être dégagés pour financer les urgences sociales et écologiques.
En 2024, nous avons multiplié les initiatives et propositions dans ce sens. En début d'année nous avons publié six mesures de justice fiscale pour financer les urgences sociales et écologiques, déployé une banderole géante « Tax the rich » sur la façade du futur hôtel LVMH sur les Champs-Élysées et remis un chèque de 60 milliards au ministère des Finances, à Bercy.
Autour des débats budgétaires dans le dernier trimestre de 2024, nous avons organisé un Forum de la justice fiscale, publié un livre L'évasion fiscale, toute une histoire et produit un webinaire sur nos analyses et propositions…
En 2025, Attac continuera à se mobiliser sur ces enjeux sur tout le territoire. Cela commence dès ce mois de janvier, avec la saison 2 du PLF 2025. Il y aura fort à faire car François Bayrou assume une orientation austéritaire toute aussi délétère que son prédécesseur, malgré les diversions et faux semblants.
Retrouvez nos premières analyses :
Notre réaction au vote du budget au Sénat : « PLF2025 : un budget cadenassé, la démocratie bâillonnée » (25/01) ;
Notre réaction au discours de politique générale du nouveau Premier ministre : « L'imposture François Bayrou : ni de gauche, ni de gauche » (15/01) ;
Notre communiqué suite aux premières annonces du gouvernement sur la fiscalité (07/01).
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Pour une Syrie souveraine, démocratique et socialement juste
28 janvier, par Attac FranceDéclaration d'Attac France, Janvier 2025.
Par un formidable contre-pied à l'histoire et à l'ordre des puissances, une coalition de forces d'opposition syriennes, dirigée par l'organisation islamiste nationaliste Hayat Tahrir El-Cham (HTC), a débarrassé la Syrie et le monde en quelques semaines de la tyrannie des Assad, aux commandes du pays depuis 54 ans.
Depuis mars 2011 Assad avait engagé la guerre au peuple syrien. Bilan : des centaines de milliers de Syriennes et Syriens assassiné·es, disparu·es, torturé·es, emprisonné·e·s. Des millions de familles forcées à l'exode, séparées, endeuillées. Une société muselée, une économie ruinée, un avenir empêché.
Depuis la chute du régime, le 8 décembre et la fuite de Bachar Al Assad, le déferlement de joie dans toute la Syrie et dans la diaspora s'est fait entendre dans toutes les classes, ethnies, langues, cultures et confessions, villes et villages qui font le peuple syrien. Pour toutes les Syriennes et Syriens, une ère nouvelle s'est soudain ouverte, pleine d'espoirs et d'inconnues.
A leur côté, pour nous aussi, individus ou collectifs, ami·es du peuple syrien et attaché·es à l'auto-détermination des peuples, à leur émancipation et à leur souveraineté démocratique, à une Syrie d'égalité et de justice sociale, une ère nouvelle de solidarité s'est ouverte.
La nouvelle Syrie et le contexte de sa naissance
La Syrie nouvelle naît dans un contexte géopolitique mondial, régional et national extrêmement préoccupant et qui multiplie les risques et les forces ennemies pour la réussite de sa transition démocratique.
En premier lieu, Israël, avec le soutien inconditionnel des États-Unis, ivre de son génocide contre le peuple palestinien, a immédiatement appliqué à la Syrie sa politique de hors-la-loi arrogant, de fait accompli et sa raison du plus fort : annexion de territoires syriens nouveaux ; annonce de l'annexion "éternelle" du Golan ; bombardements incessants de l'armement et des infrastructures de défense syriennes ; déstabilisations et incitation à la guerre civile par infoxication et activation d'agent·es infiltré·es.
En parallèle, les manœuvres de la Turquie, via son instrument ANS -Armée Nationale Syrienne- ou directement par ses forces armées, hostile à toute implantation territoriale kurde à sa frontière sud, viennent encore ajouter au caractère préoccupant et tensiogène de la situation… Quant à la Russie et l'Iran, elles sont pour le moment occupées à d'autres priorités.
Au plan mondial, la Syrie nouvelle naît alors que le mode d'accumulation capitaliste a porté le monde et tout le vivant dans l'impasse écocidaire, dans les tensions inter-puissances et intercapitalistes exacerbées, comme au temps des guerres mondiales du siècle passé, et porte aujourd'hui à la mise au pas autoritaire et brutale des sociétés, domestiques ou sous domination, comme mode de gouvernement présent ou potentiel.
Autour de la Syrie et dans toute la région (mal) nommée « Grand Moyen Orient » par les stratèges étasuniens, la brutalité de la domination impériale, de plus en plus géostratégique plutôt qu'économique, ne fait que s'accentuer. Partout dans cette région, du Soudan à l'Afghanistan, de la Libye à l'Irak, la liste des États détruits directement ou indirectement par le « nouvel ordre mondial », parfois avec la complicité des classes dirigeantes locales, est tragique. Et les hommes, femmes, enfants de ces pays, sont les premières victimes et paient de leur exil et parfois de leur mort de désespoir ou en mer, la brutalité de cette domination.
Le génocide en direct en ce moment même des Palestinien·nes est le plus cruel exemple de cette accentuation de la brutalité de l'ordre impérial. Et l'attaque du 7 Octobre 2023 par le Hamas, n'est pas suffisante pour expliquer pourquoi c'est bien dans le cadre de l'ordre mondial que se commet le génocide des Palestinien·nes, un peuple récalcitrant à cet ordre mondial, un peuple qui résiste et refuse de se taire, un peuple qui donne le mauvais exemple, et avec lequel les damné·es de la terre autour du monde se solidarisent instinctivement.
Au plan national syrien : L'effondrement éclair, sidérant du régime Assad, a néanmoins évité, dans les régions qu'il contrôlait, la destruction de l'infrastructure d'État existante, biens et personnels des administrations et services publics et a permis leur transition rapide au nouveau pouvoir. Dans les régions du nord, sous administration de forces politiques rivales, les forces turques et leurs affidés syriens de l'Armée nationale syrienne (ANS) mènent la guerre aux Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par le Parti kurde syrien (PYD), afin de les chasser des villes et villages restant peuplés de Kurdes et d'Arabes, au sud de la frontière syro-turque.
Autre marqueur : la forme armée de la lutte politique, en Syrie est un fait général. Elle est due en premier lieu à la décision d'Assad d'utiliser les armes dès 2011 contre le peuple syrien et sa révolution naissante qui se voulait pacifique, forçant l'opposition démocratique à s'armer. Sans oublier l'intrusion par le nord du « débat armé » et les combattants islamistes issus de la destruction de l'Irak et ceux libérés par le pouvoir syrien dès 2011. Ils ont conduit à l'émergence de multiples forces islamistes armées concurrentes dont Ahrar Al Cham, liée aux Frères musulmans, de Jabhat Al Nosra, devenu HTS, et du futur Daesh. Enfin, la Turquie et les brigades de l'ASL du Nord de la Syrie, ont repris, depuis mars 2018, aux FDS les zones de peuplement kurde cédées par le régime au PYD dès 2011 ou gagnés par la suite par les FDS sur Daesh.
Dans la nouvelle situation, et le moment actuel, nous soutenons les Syrien·nes qui dénoncent la reprise du conflit armé entre forces syriennes au sud de la frontière turque. Nous soutenons aussi le débat politique pacifique entre Syrien.nes sans restrictions.
Des signaux encourageants pour la Syrie nouvelle
Dans ce contexte armé pourtant, il est remarquable et encourageant d'observer que les autres forces politiques syriennes restant armées, notamment au Sud de Damas et chez les Druzes se sont retenues depuis le 8 décembre 2024 de « négocier et débattre par les armes ». Elles privilégient pour le moment l'échange politique civil et la construction institutionnelle. Une rencontre a eu lieu entre, Mazloum Abdi, le dirigeant des Forces démocratiques syriennes (kurdes) et Ahmed Charaa, pour préciser la demande d'autonomie -sans séparation- revendiquée par l'Administration kurde.
La remobilisation rapide de la société syrienne : A cet égard les Syrien.nes, toutes classes confondues, ont déjà montré leur clairvoyance. Les manifestations pacifiques survenues à Damas, dès la chute du régime, pour les droits et libertés des femmes et des minorités., les manifestations de chrétien·nes après la destruction d'un arbre de Noël par des troupes de HTS près de Hama,etc. Les mobilisations démocratiques se poursuivent aujourd'hui.
Le nouveau pouvoir à Damas, sous domination de HTS-Hayat Tahrir Al Sham, multiplie les signaux « à caractère démocratique » : la presse et les médias sont laissés libres de leur mouvement et diffusion depuis le 1er jour ; les libertés d'association et d'expression ne sont pas menacées par le pouvoir de HTS, dans les faits et les déclarations ; la prise de pouvoir par HTS à Damas, devant les caméras du monde, fut un modèle, folklore médiatique inclus, de « passation de pouvoir » telles qu'elles sont mises en scène en Europe ; Les déclarations des nouveaux dirigeants démontrant attention aux questions économiques et au retour des millions d'exilé·es sont à relever, de même que l'appel par M. Ahmed Shara'a (nom civil de Ahmed El Jolani, dirigeant de Nosra puis de HTS), dirigeant de facto de la transition en cours, à HTS et toutes les forces politiques de fondre leurs forces militaires dans la future armée nationale.
Il est cependant important de rappeler que Hayat Tahrir Al Sham, qui gouverne depuis 2014 des territoires dans la zone d'Idlib, a suscité de multiples manifestations contre son pouvoir absolu, ses prélèvements financiers abusifs, l'emprisonnement et les menaces d'exécutions d'opposant·es politiques, des hausses de prix ou les retards de paiement des fonctionnaires. Son bilan, tant en matière démocratique que de gestion économique, libérale et parfois anti sociale, soulève des interrogations et des doutes, que même les contraintes de l'administration par temps de guerre ne lèvent pas.
Des risques puissants contre une Syrie souveraine et démocratique
- Les puissances extérieures agissantes en Syrie, en premier lieu les USA, Israël et la Turquie, sont opposées, en raison de leurs intérêts supérieurs, à l'avènement d'une Syrie unifiée, pleinement souveraine, pluraliste et démocratique... et qui échapperait à leur contrôle ! C'est le cas aussi des régimes de la région, avec en tête, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.
- Dans leur vision stratégique et leurs intérêts supérieurs, à des degrés divers, les USA, Israël et la Turquie ont plus intérêt à un 'dépeçage' de la Syrie. Cela n'est pas sans rappeler les découpages qui furent fabriqués dans cette même région de Syrie-Palestine par les puissances britannique et française (accord secret Sikes-Picot, 1916) lors de la 1re guerre mondiale, recourant commodément, comme aujourd'hui, aux discours-alibis essentialistes et confessionnels, que nous servent en boucle les médias occidentaux et risquent d'emporter les opinions publiques occidentales. Par contraste, l'avènement d'une Syrie unifiée, pluraliste, non confessionnalisée et indépendante stratégiquement ne servirait pas leurs intérêts de puissance. C'est ce risque qui est matérialisé par leurs initiatives dès le 8 décembre 2024 : annexions, destructions, déplacement de populations par Israël, intervention du commandement central US dès le 8 décembre auprès de ses affiliés (FDS, etc) et réarmement, attaques de l'armée turque directe et via sa créature ANS (Armée nationale syrienne) dans les régions à majorité kurde, bataille de Manbij dès le 7 décembre 2024.
- Pour une transition pacifique, démocratique et socialement juste, le danger le plus immédiat nous semble être ces interventions concurrentes et contradictoires des USA d'Israël et de la Turquie, directes ou via proxies. Les interventions de la Russie et de l'Iran seront à analyser à l'avenir. Pour le moment elles sont tournées vers d'autres fronts.
- Le risque d'avènement d'un régime autoritaire (islamiste, ou pas) sur toute la Syrie, en raison de ce contexte sur-armé et des besoins criants de financement d'une reconstruction rapide, est grand. Un régime politiquement autoritaire et économiquement libéral escamotant les questions sociales et de redistribution, restreignant les libertés d'association et d'expression individuelles et collectives, négligeant le rôle des femmes, des travailleur·ses, des paysan·nes ainsi que les questions écologiques au profit d'un régime néo-libéral, clientéliste, corrompu, soumis aux puissances, nous parait un autre risque important aujourd'hui.
- Des tensions surgissent dans la population. Par exemple des militantes laïcs et féministes manifestant pour une Syrie laïque et sans discriminations de genre sont accusé·es par d'autres Syriens d'avoir été protégés par le régime assadiste.
En Europe et en France, quelle solidarité ?
Il est trop tôt pour connaître quels seront les besoins prioritaires exprimés par les Syriennes et les Syriens. Néanmoins, en raison de l'étendue des dévastations matérielles et humaines infligées à la société syrienne, nous savons que ces besoins sont massifs. Les Syriennes et les Syriens ont démontré, dans leur longue histoire, leur génie créatif et leurs ressources. Notre solidarité active, à tous les plans et sous toutes les formes, sera cependant bienvenue.
En écho avec les Syriens et Syriennes, qui ont rencontré des journalistes étrangers, nous réclamons :
- La suppression des sanctions contre la Syrie pour accélérer et faciliter la reconstruction.
- L'envoi de matériel d'analyse ADN pour retrouver l'identité des centaines de milliers de personnes exécutées et enterrées dans des charniers par le régime.
- Nous soutenons les demandes des Syrien.nes de mise à disposition du nouveau pouvoir immédiate des avoirs financiers détenus par les banques françaises et leurs filiales du régime Assad et ses ex-dirigeant·es ainsi que de leurs propriétés.
- Soutien aux demandeurs d'asile et aux réfugié·e·s : les exilé·e·s syriens et syriennes doivent pouvoir choisir librement de retourner ou non en Syrie, mais aussi s'y rendre en visite temporaire sans perdre leur statut de réfugié·es. De même, les nouvelles demandes d'asile des Syriennes et Syriens doivent bénéficier du traitement favorable accordé depuis 2011.
Nous devons faire pression sur les gouvernements français et de l'Union européenne ainsi que sur le Parlement de l'UE, pour favoriser des politiques de soutien à la Syrie nouvelle. Nous nous opposerons à d'éventuelles politiques de déstabilisation initiées par nos gouvernements.
Plus que jamais, nous appelons à la solidarité internationale citoyenne pour aider à l'émergence d'une Syrie nouvelle, libre de tout autoritarisme, non confessionnelle, plurielle, démocratique et garantissant à tou·tes ses citoyen·nes, hommes et femmes, le droit à la liberté, à l'égalité et à la justice sociale, conditions nécessaires à la réalisation de leur bonheur et du nôtre. Les démocrates syrien.nes auront besoin du soutien des forces démocratiques dans le monde pour faire face aux tentatives hégémoniques de HTC et à la répression dont iels pourraient être victimes au cours des années à venir.
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PLF2025 : un budget cadenassé, la démocratie bâillonnée
25 janvier, par Attac France — SUMLe Sénat a adopté le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 après avoir intégré, à marche forcée, de nouvelles coupes budgétaires qui touchent notamment l'écologie. Ce nouveau budget s'annonce brutal et injuste, et les procédés mis en œuvre pour obtenir son adoption témoignent (une nouvelle fois) d'un mépris de l'exécutif pour le débat parlementaire et démocratique.
Composée de 7 député·es et de 7 sénateurs, la Commission mixte paritaire (CMP) devrait désormais se réunir le 30 janvier pour proposer un texte de compromis qui serait, s'il aboutit, soumis au vote du Parlement. Si nul ne sait encore ce qu'il en sortira ni si cette CMP sera conclusive ou non, plusieurs enseignements peuvent d'ores et déjà être tirés de ce début d'année.
Le gouvernement Bayrou a repris le projet de loi de finances (PLF) du gouvernement Barnier qui lui-même s'est inspiré des travaux préparatoires du gouvernement Attal. Si le projet a été quelque peu remanié, la continuité dans l'orientation politique saute aux yeux.
La stratégie gouvernementale revient à cadenasser le budget, notamment sa partie recettes. Les marges de manœuvre d'amélioration du texte sont en effet limitées : lorsqu'un article a été voté par l'Assemblée et le Sénat en termes identiques, une nouvelle disposition ne peut en effet pas revenir en discussion. La règle de l'entonnoir s'applique également : il est impossible d'introduire une disposition si le texte ne comporte aucun article sur le sujet.
Il est certes possible de procéder à une modification des recettes en CMP qui revêt ainsi une réelle importance. En effet, les « compromis » passés entre François Bayrou et le parti socialiste pourraient se retrouver en discussion lors de la CMP, puisqu'il sera alors possible de remodifier le PLF. Mais là encore les marges de manœuvre sont limitées, car les règles de l'entonnoir s'applique aussi en CMP.
Par ailleurs, le principe de non rétroactivité fiscale implique de ne pas changer en année N les règles applicables à l'imposition des revenus (pour les particuliers) ou des bénéfices (pour les sociétés) de N-1 par exemple. Une telle rétroactivité est en effet anticonstitutionnelle.
En définitive, le choix du gouvernement Bayrou de rependre le PLF du précédent gouvernement, malgré sa censure, apparaît comme un déni de démocratie : il revient ainsi à cadenasser le débat parlementaire, et notamment à balayer d'un revers de main les propositions visant à mieux imposer les plus riches et les multinationales qui avaient été formulées à l'Assemblée en première lecture. Certaines reprenaient d'ailleurs des propositions de justice fiscale essentielles formulées par Attac et ses partenaires.
La priorité de ce gouvernement, à l'instar des précédents, reste donnée à la baisse des dépenses publiques sans qu'aucun rééquilibrage du système fiscal vers plus de justice, ne soit envisagé et ce au mépris d'un débat démocratique, pourtant indispensable après la censure du gouvernement Barnier. Les acquis et privilèges fiscaux d'une petite minorité de super-riches et de multinationales ne seront pas remis en cause. La justice fiscale, sociale et écologique est foulée aux pieds.
D'autant que le gouvernement ne se contente pas de reprendre le projet de loi de finances de Michel Barnier : il y a ajouté de nouvelles coupes budgétaires, alors qu'il s'agissait déjà du budget le plus austéritaire depuis une vingtaine d'année.
Loin d'assister à un « recentrage », c'est plutôt d'un durcissement austéritaire que ce budget témoigne. D'autant qu'au Sénat, certaines promesses de François Bayrou au groupe socialiste n'ont pas fait long feu, avec le rétablissement de la suppression de 4 000 postes d'enseignants et la baisse de l'indemnisation des arrêts maladie des fonctionnaires. L'extrême droite, qui refuse toute hausse d'impôt pour les plus riches et qui plaide pour l'austérité, peut quant à elle être satisfaite. A ce stade, le recours à l'article 49-3 semble inéluctable. Et la censure du gouvernement possible... pour ne pas dire souhaitable !
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Nouvel accord UE-Mexique : Bruxelles s’accroche à un modèle économique dépassé
23 janvier, par Attac France — OMC, ALE, Accords d'investissementQuelques semaines après la conclusion controversée de l'accord de libre-échange avec le Mercosur, la Commission européenne a annoncé, le 17 janvier, la finalisation des négociations d'un nouvel accord commercial avec le Mexique. Cette initiative illustre, une fois de plus, le refus de l'Union européenne de prendre en compte l'urgence sociale et écologique actuelle.
Négocié dans l'opacité depuis 2016, cet accord prétend moderniser un cadre commercial en vigueur depuis 2000. Toutefois, il repose sur une vision datée de la mondialisation, favorisant principalement les grandes multinationales européennes au détriment des populations et de l'environnement.
Selon les rares informations rendues publiques par la Commission européenne – le texte intégral de l'accord n'étant toujours pas accessible – plusieurs secteurs sortent particulièrement vainqueurs : l'agro-industrie (notamment les filières laitières et viticoles), les services financiers, les télécommunications et le commerce numérique. De plus, cet accord ouvre largement l'accès aux marchés publics mexicains et à l'exploitation des ressources minières du pays.
Pour Nicolas Roux, membre du conseil d'administration d'Attac, cet accord symbolise l'incapacité persistante de l'UE à repenser ses politiques commerciales dans un contexte mondial en pleine mutation : « en dépit des crises sociales, climatiques et géopolitiques majeures auxquelles nous faisons face, la Commission européenne persiste avec des accords de libre-échange d'un autre temps. Ces accords, fondés sur une logique de compétition débridée, n'ont fait qu'aggraver les inégalités. Le monde a changé depuis l'avènement du néolibéralisme dans les années 1990. Il est temps d'imaginer une mondialisation fondée sur la justice, la dignité et la solidarité. »
Un modèle économique à réinventer
Alors que les discours politiques sur la relocalisation des échanges et la résilience économique se multiplient, la Commission européenne semble ignorer ces priorités en poursuivant des négociations similaires avec l'Inde, l'Indonésie, ainsi que la relance des accords avec la Malaisie, la Thaïlande et les Philippines.
En s'accrochant à un modèle économique dépassé, l'Union européenne risque d'accroître la fracture entre les gagnants et les perdants du commerce mondial, sans tenir compte des impératifs sociaux et écologiques de notre époque.
Attac appelle à un rejet immédiat de ces négociations commerciales et à l'ouverture d'un large débat public sur l'avenir du commerce international, pour construire un modèle qui place les droits humains et la planète au cœur des priorités.