Sur le Web ces 30 derniers jours

Articles

  • Soirée de lancement de l’Observatoire National de l’Extrême Droite, mercredi 19 mars à Paris

    14 mars, par Observatoire national de l'extrême-droite

    Mercredi 19 mars à 19h, participez à la soirée de lancement de l'Observatoire National de l'Extrême Droite.

    Le 19 mars 2022, le rugbyman argentin Federico Martin Aramburú était assassiné en plein Paris par deux militants d'extrême droite, sans réaction du ministre de l'Intérieur d'alors, Gérald Darmanin.

    Trois ans plus tard, la situation n'a fait qu'empirer. Les groupes d'ultra droite pullulent et ne se cachent plus, les saluts nazis reviennent au goût du jour, l'idéologie d'extrême droite avance à visage découvert et gagne rapidement du terrain dans les médias, l'édition, l'entreprise et jusqu'au cœur du gouvernement.

    Face à ce constat effroyable, nous avons décidé de relancer et renforcer l'Observatoire national de l'extrême droite, afin d'offrir un outil solide d'analyse et de décryptage de la réalité de l'extrême droite en France, mais aussi apporter des pistes de réflexion et d'action pour la combattre efficacement.

    Nous serons heureux de vous retrouver à l'occasion de la soirée de lancement de l'Observatoire national de l'extrême droite, mercredi 19 mars à 19h à Paris.

    En présence d'Eric Vuillard, grand témoin.

    Programme ici.

    Inscription obligatoire
    Thomas Portes et Laurence De Cock, Président et Vice-Présidente de l'ONED.

  • Attac dépose plainte pour diffamation contre le Figaro

    12 mars, par Attac France

    Dans un article daté du 22 novembre 2024 Le Figaro Magazine qualifie Attac d'association « communautariste », « liée aux frères musulmans ». Nous déposons plainte pour diffamation.

    Dans un article du 22 novembre 2024 intitulé « La France insoumise et les islamistes : l'histoire secrète d'une alliance politique », Le Figaro a qualifié Attac d'association « communautariste » qui serait « liée aux Frères musulmans ». Malgré de nombreuses adresses au journal, l'article n'a pas été corrigé. Pire, il a été à nouveau largement diffusé par Le Figaro, en toute connaissance de cause donc.

    Cette double affirmation grotesque et mensongère atteint gravement à la réputation de notre association. C'est pourquoi Attac a déposé plainte pour diffamation. Ce genre d'amalgame, mobilisant des imaginaires aux relents islamophobes, est irresponsable. En ces temps de montée des idées d'extrême droite, Le Figaro cherche vraisemblablement à attiser un climat de défiance vis-à-vis des organisations progressistes en général, et d'Attac en particulier.

    Fondée en 1998, l'association Attac France produit des analyses et mène des actions pour la justice fiscale, sociale et écologique. Notre association ne perçoit aucune subvention publique. Attac est financée à plus de 90% par les dons et adhésions des quelques 10 000 personnes qui soutiennent nos actions contre le pouvoir de la finance et des multinationales. Notre association agit ainsi en toute indépendance, et ses campagnes relatives à l'impôt sont notamment reconnues d'intérêt général.

    Laisser penser que notre association serait « communautariste » et « liée » à une organisation politique religieuse apparaît non seulement absurde mais également complètement contraire à nos valeurs. La référence à l'islam politique n'est pas non plus anodine dans le climat islamophobe ambiant, où le terme « d'islamogauchisme » est brandi jusqu'à l'Assemblée nationale pour discréditer l'opposition.

    Enfin, il nous paraît important que la justice soit saisie afin de ne pas laisser ces méthodes de désinformation et de stigmatisation se propager et devenir banales, faussant ainsi complètement le débat public. Nous ne laisserons rien passer dans notre combat pour un monde plus juste et solidaire.

  • Victoire, la justice juge le projet d’autoroute A69 illégal !

    28 février, par Attac France

    Communiqué d'Attac France et son comité local Attac Tarn suite à la décision du tribunal administratif de Toulouse.

    Retrouvez également notre communiqué collectif Victoire contre l'A69, dont les travaux s'arrêtent ! sur le site de l'Alliance écologique et sociale.

    Attac France et son comité local Attac Tarn applaudissent la décision courageuse des juges du tribunal administratif de Toulouse qui annule ce jour la Raison Impérative d'Intérêt Public Majeur (RIIPM) de l'A69 au motif que cette autoroute est inutile, injuste, écocide et climaticide.

    Le combat juridique et sur le terrain avec les écureuils, la mobilisation citoyenne tant nationale que locale va marquer l'histoire du droit environnemental. L'État ou Les gouvernements successifs ont sacrifié illégalement des terres nourricières, une nature et des paysages remarquables, mais son obsession mortifère n'impactera finalement pas la sécurité et la santé des habitant·es humains et non humains du Tarn qui auraient été victimes de l'autoroute la plus chère de France.

    C'est la victoire de l'intérêt général sur les intérêts particuliers et capitalistes.

  • Loi « Omnibus » : lettre ouverte à Stéphane Séjourné

    26 février, par Collectif

    Lettre à M. Stéphane Séjourné, Vice-président exécutif pour la prospérité et la stratégie industrielle.

    Le 24 février 2025,

    Objet : Alerte des organisations de la société civile française sur la proposition de législation dite « Omnibus »

    Monsieur le Vice-président exécutif,

    Nos organisations et associations de défense de l'environnement et des droits humains, ont eu connaissance dans les médias de la proposition de législation dite « Omnibus » que la Commission européenne compte présenter ce mercredi 26 février 2025. Cette législation entend simplifier la directive sur le devoir de vigilance, la directive sur le reporting de durabilité, la taxonomie européenne et le mécanisme d'ajustement carbone aux frontières.

    La directive sur le devoir de vigilance a été adoptée il y a à peine un an, à l'issue de plusieurs années d'évaluation, de consultations publiques, de débats parlementaires et de négociations interinstitutionnelles. Nos organisations ont publiquement soutenu l'adoption de cette directive, malgré la dilution de son ambition au cours des négociations.

    Or, la proposition Omnibus que la Commission européenne s'apprête à présenter a été rédigée d'une façon extrêmement précipitée et opaque. Sous prétexte de simplification, elle s'attaque à des piliers de la directive : elle limiterait le devoir de vigilance aux partenaires directs de l'entreprise concernée ; elle supprimerait l'obligation de mise en oeuvre des plans de transition climatique, ou encore reviendrait sur l'obligation d'introduire un régime de responsabilité civile en cas de manquement.

    Le rapport Draghi rappelle que pour financer la transition de notre économie, la mobilisation du secteur privé sera capitale. Il indique ainsi que 80 % des fonds nécessaires à la transition doivent venir du secteur privé. Cela ne peut se faire qu'en gardant le cadre réglementaire actuel qui permet d'orienter les investissements et d'assurer que l'ensemble de l'économie européenne, à travers la mise en place des plans de transition, soit alignée sur un objectif de neutralité carbone.

    La France se targue de s'être mobilisée pour obtenir de la Commission européenne des avancées sur la durabilité des entreprises. Vous-même, alors député, vous étiez positionné en faveur de la directive sur le devoir de vigilance des entreprises. Avec le groupe Renew, vous aviez en effet voté en faveur d'amendements qui prévoyaient la mise en œuvre obligatoire des plans de transition, la responsabilité civile des entreprises en cas de manquement, ou encore l'inclusion des services financiers.

    Aujourd'hui, les échos parus dans la presse signalent un grave retour en arrière. Pour réussir à atteindre nos objectifs climatiques et garder la trajectoire concernant nos objectifs sociaux et démocratiques, il est impératif de maintenir les ambitions sur le climat, l'environnement, la biodiversité et les droits humains définies en 2023.

    Monsieur le Vice-président exécutif, nous, organisations de la société civile française, exprimons notre plus vive inquiétude quant à la proposition d'Omnibus que vous vous apprêtez à présenter. Nous vous appelons à revenir sur ce projet et à maintenir, à tout le moins, l'ambition relative aux droits humains et au climat que vous portiez lorsque vous étiez député européen.

    Télécharger la lettre au format PDF

    Signataires

    JPEG - 281.3 ko
  • Impôt sur la fortune des milliardaires : un pas vers plus de justice fiscale

    15 février, par Attac France

    Jeudi 20 février, une proposition de loi visant à instaurer un impôt minimal sur la fortune sera examinée dans le cadre de la journée réservée aux initiatives parlementaires du groupe Ecologiste et social. Attac soutient cette initiative qui met l'accent sur l'accroissement délirant de la fortune des plus riches et nourrit utilement le débat sur la justice fiscale, sociale et écologique.

    La proposition de loi (PPL) [1] présentée par les députées Eva Sas et Clémentine Autain prévoit de créer un « impôt plancher sur la fortune (IPF) » pour les contribuables les plus riches possédant plus de 100 millions d'euros, afin de s'assurer qu'ils paient au moins 2% de leur fortune en impôts.

    Le texte de la PPL rappelle que, depuis 2017 en France, le patrimoine des 500 plus grandes fortunes a plus que doublé, atteignant 1228 milliards d'euros en 2024. La croissance du patrimoine des plus riches est quant à elle de 7 à 10 % par an, depuis dix ans, creusant fortement les inégalités.

    Cette proposition inclut à juste titre dans l'assiette de ce nouvel impôt les biens professionnels et revenus économiques, dans la mesure où ils sont utilisés à des fins de gestions familiale et patrimoniale.

    La PPL estime que (seulement) 1800 contribuables, soit moins de 0,01 % des foyers fiscaux, y seront assujettis, à comparer aux 40 700 fortuné.es qui composent le 0,1 % des foyers fiscaux. Selon les initiatrices du projet, cet impôt plancher pourrait rapporter aux finances publiques 15 à 25 milliards d'euros par an.

    Attac soutient cette PPL qui est un pas vers une plus juste imposition de la fortune. Cette proposition permettrait de parer à une anomalie : le système fiscal actuel est dégressif pour les 0,1% les plus riches. Tous prélèvements confondus la contribution des milliardaires est seulement de 26% de leurs revenus, soit deux fois moins que la moyenne de la population (52%) (source IPP).

    Le vote du RN, le 20 février, va être décisif dans l'adoption ou non de cette PPL. Le parti d'extrême-droite s'est déjà positionné à plusieurs reprises contre des mesures de justice fiscale, comme le rétablissement d'un ISF. S'il s'oppose à cette PPL, cela ne fera que confirmer que sous le vernis social, le RN se mobilise surtout pour protéger les plus riches, en faisant en sorte qu'ils puissent continuer à payer moins d'impôts que le reste de la population.

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    En savoir plus

    Attac propose, dans le cadre d'une campagne lancée depuis plus d'un an, la mise en œuvre de mesures de justice fiscale pour mieux imposer les riches et les multinationales, et financer les urgences sociales et écologiques. La proposition d'un IPF s'inscrit en cohérence avec cette mobilisation.

    Attac propose notamment la mise en place d'un impôt sur la fortune (ISF) rénové. Cette proposition figure parmi nos six mesures pour mieux imposer les riches et les multinationales, et financer les urgences sociales et écologiques.

    La proposition d'IPF (impôt plancher sur la fortune) est complémentaire à celle d'un ISF rénové : la première vise les 0,01% de la population les plus riches en leur appliquant un taux de 2% d'impôt sur la fortune. L'ISF rénové élargit cette imposition a une assiette plus élargie avec un barème progressif.

    La proposition d'ISF rénové consiste à imposer l'ensemble des actifs d'un·e contribuable : immobiliers, mobiliers et financiers, avec un abattement sur la résidence principale exprimé en montant afin de donner une meilleure visibilité et davantage de progressivité.

    Cet impôt rénové ne reproduirait pas les défauts de l'ancien impôt sur la fortune. Celui-ci présentait de nombreux « trous dans la raquette » avec l'existence de niches fiscales profitant aux plus gros contribuables. L'évasion fiscale est évidemment l'autre raison pour laquelle l'ex-ISF était finalement peu rentable.

    Cet ISF rénové prévoit ainsi de plafonner l'économie d'impôt permis par le « pacte d'actionnaire », de sorte que seules les entreprises de taille moyenne en bénéficie et que les plus riches ne puissent échapper à l'impôt. Ce plafonnement s'appliquerait également aux droits de donation et de succession.

    Enfin, il faut également imposer la valeur des titres détenus dans les holdings de type « holdings familiales » à cet ISF rénové (et, à terme, à l'impôt sur la fortune européen). Les versements de dividendes entre groupes remontent fréquemment dans une holding qui détient les participations, donc le contrôle, des sociétés du groupe, s'effectue sans pratiquement ne payer d'impôt.

    Fréquemment, la holding est détenue par un petit nombre de personnes, issues notamment de la même famille. Pour autant, la holding sera considérée comme un patrimoine professionnel, de sorte que ses dirigeants échappaient à l'ancien impôt de solidarité sur la fortune. Un impôt sur la fortune intelligent doit élargir son assiette aux titres détenus dans ces holdings.


  • TRIBUNE | « L’IA contre les droits humains, sociaux et environnementaux »

    10 février, par Collectif

    Plus d'une vingtaine d'organisations réunies au sein de la coalition Hiatus, parmi lesquelles Attac, La Quadrature du Net et la Ligue des droits de l'homme, estiment, dans une tribune au « Monde », qu'il faut résister au déploiement massif de l'IA, au nom des droits humains, sociaux et environnementaux.

    Tout concourt à ériger le déploiement massif de l'intelligence artificielle (IA) en priorité politique. Prolongeant les discours qui ont accompagné l'informatisation depuis plus d'un demi-siècle, les promesses abondent pour conférer à l'IA des vertus révolutionnaires et imposer l'idée que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nécessairement vecteur de progrès. C'est donc l'ensemble de la société qui est sommée de s'adapter pour se mettre à la page de ce nouveau mot d'ordre industriel et technocratique.

    Partout dans les services publics, l'IA est ainsi conduite à proliférer au prix d'une dépendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les manageurs appellent à recourir à l'IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commodité et d'une course insensée à la productivité, nous sommes poussés à l'adopter.

    Pourtant, sans préjuger de certaines applications spécifiques et de la possibilité qu'elles puissent effectivement répondre à l'intérêt général, comment ignorer que ces innovations ont été rendues possible par une formidable accumulation de données, de capitaux et de ressources sous l'égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour être menées à bien, elles requièrent, notamment, de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de données, avec une intensification de l'extraction de matières premières, de l'usage des ressources en eau et en énergie ?

    Des conséquences désastreuses

    Comment ne pas voir qu'en tant que paradigme industriel, l'IA a d'ores et déjà des conséquences désastreuses ? Qu'en pratique, elle se traduit par l'intensification de l'exploitation des travailleurs et travailleuses qui participent au développement et à la maintenance de ses infrastructures, notamment dans les pays du Sud global où elle prolonge des dynamiques néocoloniales ? Qu'en aval, elle est le plus souvent imposée sans réelle prise en compte de ses impacts délétères sur les droits humains et l'exacerbation des discriminations telles que celles fondées sur le genre, la classe ou la race ?

    Que de l'agriculture aux métiers artistiques en passant par bien d'autres secteurs professionnels, elle amplifie le processus de déqualification et de dépossession vis-à-vis de l'outil de travail, tout en renforçant le contrôle managérial ? Que dans l'action publique, elle agit en symbiose avec les politiques d'austérité qui sapent la justice socio-économique ? Que la délégation croissante de fonctions sociales cruciales à des systèmes d'IA, par exemple dans le domaine de la santé ou de l'éducation, risque d'avoir des conséquences anthropologiques, sanitaires et sociales majeures sur lesquelles nous n'avons aujourd'hui aucun recul ?

    Or, au lieu d'affronter ces problèmes, les politiques publiques menées aujourd'hui en France et en Europe semblent essentiellement conçues pour conforter la fuite en avant de l'intelligence artificielle. C'est notamment le cas de l'AI Act adopté par l'Union européenne et présenté comme une réglementation efficace, alors qu'il cherche en réalité à promouvoir un marché en plein essor. Pour justifier cet aveuglement et faire taire les critiques, c'est l'argument de la compétition géopolitique qui est le plus souvent mobilisé.

    Une maîtrise démocratique

    A longueur de rapports, l'IA apparaît ainsi comme le marchepied d'un nouveau cycle d'expansion capitaliste, et l'on propose d'inonder le secteur d'argent public pour permettre à l'Europe de se maintenir dans la course face aux États-Unis et à la Chine.

    Ces politiques sont absurdes, puisque tout laisse à penser que le retard de l'Europe dans ce domaine ne pourra pas être rattrapé, et que cette course est donc perdue d'avance.

    Surtout, elles sont dangereuses dans la mesure où, loin de constituer la technologie salvatrice souvent mise en avant, l'IA accélère au contraire le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs. Elle est de plus en plus ouvertement mise au service de projets autoritaires et impérialistes. Non seulement le paradigme actuel nous enferme dans une course technologique insoutenable, mais il nous empêche aussi d'inventer des politiques émancipatrices en phase avec les enjeux écologiques.

    La prolifération de l'IA a beau être présentée comme inéluctable, nous ne voulons pas nous résigner. Contre la stratégie du fait accompli, contre les multiples impensés qui imposent et légitiment son déploiement, nous exigeons une maîtrise démocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.

    Premiers signataires

    David Maenda Kithoko, président de Génération Lumière ; Julie Le Mazier, cosecrétaire nationale de l'union syndicale Solidaires ; Julien Lefèvre, membre de Scientifiques en rébellion ; Marc Chénais, directeur de L'Atelier paysan ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l'homme ; Raquel Radaut, porte-parole de La Quadrature du Net ; Soizic Pénicaud, membre de Féministes contre le cyberharcèlement ; Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU ; Stéphen Kerckhove, directeur général d'Agir pour l'environnement ; Vincent Drezet, porte-parole d'Attac France.

    La liste complète à retrouver ici

  • TRIBUNE | « L’IA contre les droits humains, sociaux et environnementaux »

    10 février, par Collectif

    Plus d'une vingtaine d'organisations réunies au sein de la coalition Hiatus, parmi lesquelles Attac, La Quadrature du Net et la Ligue des droits de l'homme, estiment, dans une tribune au « Monde », qu'il faut résister au déploiement massif de l'IA, au nom des droits humains, sociaux et environnementaux.

    Tout concourt à ériger le déploiement massif de l'intelligence artificielle (IA) en priorité politique. Prolongeant les discours qui ont accompagné l'informatisation depuis plus d'un demi-siècle, les promesses abondent pour conférer à l'IA des vertus révolutionnaires et imposer l'idée que, moyennant la prise en compte de certains risques, elle serait nécessairement vecteur de progrès. C'est donc l'ensemble de la société qui est sommée de s'adapter pour se mettre à la page de ce nouveau mot d'ordre industriel et technocratique.

    Partout dans les services publics, l'IA est ainsi conduite à proliférer au prix d'une dépendance technologique accrue. Partout dans les entreprises, les manageurs appellent à recourir à l'IA pour « optimiser » le travail. Partout dans les foyers, au nom de la commodité et d'une course insensée à la productivité, nous sommes poussés à l'adopter.

    Pourtant, sans préjuger de certaines applications spécifiques et de la possibilité qu'elles puissent effectivement répondre à l'intérêt général, comment ignorer que ces innovations ont été rendues possible par une formidable accumulation de données, de capitaux et de ressources sous l'égide des multinationales de la tech et du complexe militaro-industriel ? Que pour être menées à bien, elles requièrent, notamment, de multiplier la puissance des puces graphiques et des centres de données, avec une intensification de l'extraction de matières premières, de l'usage des ressources en eau et en énergie ?

    Des conséquences désastreuses

    Comment ne pas voir qu'en tant que paradigme industriel, l'IA a d'ores et déjà des conséquences désastreuses ? Qu'en pratique, elle se traduit par l'intensification de l'exploitation des travailleurs et travailleuses qui participent au développement et à la maintenance de ses infrastructures, notamment dans les pays du Sud global où elle prolonge des dynamiques néocoloniales ? Qu'en aval, elle est le plus souvent imposée sans réelle prise en compte de ses impacts délétères sur les droits humains et l'exacerbation des discriminations telles que celles fondées sur le genre, la classe ou la race ?

    Que de l'agriculture aux métiers artistiques en passant par bien d'autres secteurs professionnels, elle amplifie le processus de déqualification et de dépossession vis-à-vis de l'outil de travail, tout en renforçant le contrôle managérial ? Que dans l'action publique, elle agit en symbiose avec les politiques d'austérité qui sapent la justice socio-économique ? Que la délégation croissante de fonctions sociales cruciales à des systèmes d'IA, par exemple dans le domaine de la santé ou de l'éducation, risque d'avoir des conséquences anthropologiques, sanitaires et sociales majeures sur lesquelles nous n'avons aujourd'hui aucun recul ?

    Or, au lieu d'affronter ces problèmes, les politiques publiques menées aujourd'hui en France et en Europe semblent essentiellement conçues pour conforter la fuite en avant de l'intelligence artificielle. C'est notamment le cas de l'AI Act adopté par l'Union européenne et présenté comme une réglementation efficace, alors qu'il cherche en réalité à promouvoir un marché en plein essor. Pour justifier cet aveuglement et faire taire les critiques, c'est l'argument de la compétition géopolitique qui est le plus souvent mobilisé.

    Une maîtrise démocratique

    A longueur de rapports, l'IA apparaît ainsi comme le marchepied d'un nouveau cycle d'expansion capitaliste, et l'on propose d'inonder le secteur d'argent public pour permettre à l'Europe de se maintenir dans la course face aux États-Unis et à la Chine.

    Ces politiques sont absurdes, puisque tout laisse à penser que le retard de l'Europe dans ce domaine ne pourra pas être rattrapé, et que cette course est donc perdue d'avance.

    Surtout, elles sont dangereuses dans la mesure où, loin de constituer la technologie salvatrice souvent mise en avant, l'IA accélère au contraire le désastre écologique, renforce les injustices et aggrave la concentration des pouvoirs. Elle est de plus en plus ouvertement mise au service de projets autoritaires et impérialistes. Non seulement le paradigme actuel nous enferme dans une course technologique insoutenable, mais il nous empêche aussi d'inventer des politiques émancipatrices en phase avec les enjeux écologiques.

    La prolifération de l'IA a beau être présentée comme inéluctable, nous ne voulons pas nous résigner. Contre la stratégie du fait accompli, contre les multiples impensés qui imposent et légitiment son déploiement, nous exigeons une maîtrise démocratique de cette technologie et une limitation drastique de ses usages, afin de faire primer les droits humains, sociaux et environnementaux.

    Premiers signataires

    David Maenda Kithoko, président de Génération Lumière ; Julie Le Mazier, cosecrétaire nationale de l'union syndicale Solidaires ; Julien Lefèvre, membre de Scientifiques en rébellion ; Marc Chénais, directeur de L'Atelier paysan ; Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l'homme ; Raquel Radaut, porte-parole de La Quadrature du Net ; Soizic Pénicaud, membre de Féministes contre le cyberharcèlement ; Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU ; Stéphen Kerckhove, directeur général d'Agir pour l'environnement ; Vincent Drezet, porte-parole d'Attac France.

    La liste complète à retrouver ici

  • Attac censure le budget du gouvernement Bayrou

    4 février, par Attac France

    Le Premier Ministre a actionné l'article 49-3 pour imposer son budget pour 2025. Une nouvelle fois, la loi de finances passe donc en force, alors qu'elle est essentielle au « vivre ensemble » et révèle des choix politiques de premier ordre en matière de répartition des richesses, de moyens donnés à l'action publique et de lutte contre les inégalités et le dérèglement climatique.

    D'aucuns diront que l'absence de majorité à l'Assemblée nationale ne pouvait que conduire le gouvernement à utiliser le 49-3. Attac ne partage pas cette analyse. Certes, aucun des blocs n'a la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Mais il n'en demeure pas moins que le « nouveau front populaire » est depuis les élections législatives le bloc le plus important et que le projet de loi de finances 2025 n'a tenu aucunement compte de ses propositions.

    Le gouvernement Bayrou a donc refusé d'assumer des compromis qui auraient pu constituer des « petits pas » intéressants et a choisi d'imposer un projet de budget qui s'inscrit dans une orientation politique qui n'a pas été validée par les urnes. Ce texte est donc entaché d'illégitimité tant sur le fond que sur la manière dont il a été imposé. Tout ceci ne peut qu'aggraver la crise politique, ce qui contribue à renforcer l'extrême droite, et alors que le RN profite de la période pour consolider sa stratégie de normalisation.

    L'association Attac s'est exprimée à plusieurs reprises sur le budget. Elle rappelle que les mesures symboliques de ce budget en matière de recettes relèvent de la cosmétique, car elles ne procèdent à aucun rééquiibrage du système fiscal et qu'elles sont même en recul par rapport au budget Barnier - dont la majorité de la population considérait qu'il était injuste socialement - qui a été censuré. A titre d'exemple, la contribution des 450 plus grandes entreprises ne sera appliquée qu'un an, au lieu de deux dans le projet « Barnier ».

    Le gouvernement Bayrou a donc su reculer face à quelques grands patrons dont Bernard Arnault mais a ignoré voire méprisé la demande profonde de davantage de justice fiscale d'une très large partie de la population. Selon un récent sondage en effet, 78% des personnes souhaitent une taxation plus importante des personnes les plus fortunées, 59% sont pour une taxation des héritages les plus élevés, 84 % sont favorables à une taxation des superprofits et 71 % souhaitent que l'imposition sur les dividendes soit revue à la hausse [1]

    Le budget Bayrou va à contresens de ces légitimes demandes alors que leur mise en œuvre permettrait de dégager davantage de recettes publiques (indispensables pour faire face aux enjeux climatiques, sociaux et économiques de la période), de réduire les inégalités et de renforcer le consentement à l'impôt, pilier de toute démocratie digne de ce nom. Faute de changement de stratégie ou de nouvelles élections législatives, l'obsession des néolibéraux et des conservateurs d'imposer l'austérité se met, hélas, en place. Les gouvernements se suivent et se ressemblent donc, dans leur orientation et leur stratégie. Ils portent tous une lourde responsabilité dans l'aggravation de la crise politique.

    Pour toutes ces raisons, Attac censure le budget du gouvernement Bayrou. Notre association continuera plus que jamais à défendre une réelle justice fiscale, sociale et écologique. Face à l'échec des politiques néolibérales et à la montée des thèses libertariennes et d'extrême droite, c'est la seule alternative juste et permettant de faire vivre une réelle démocratie.


  • Retour sur la vague d’actions contre l’empire Bolloré, aucun secteur épargné

    3 février, par Collectif

    Communiqué commun des journées d'actions de la campagne « Désarmer Bolloré », menées partout en France du 29 janvier au 2 février 2025.

    Retrouvez toutes les informations sur ces journées d'action, avec photos et vidéos, sur le site de la campagne Désarmer Bolloré.

    Pendant 5 jours, à l'appel d'une centaine d'organisations, de multiples sites de l'empire Bolloré à travers la France et la Belgique ont été visités, visibilisés, fermés, perturbés, repeints, détournés, désarmés... Au total, plus de 70 surgissements ; aucun des secteurs clés de cet empire - extractivisme et énergies fossiles, agro-industrie néocoloniale, industries techno-sécuritaires, conglomérat médiatique et culturel - n'a été épargné.

    Les entreprises de production d'outils de contrôle et de traçage, regroupés au sein de l'entité Blue Systems du groupe Bolloré, ont été visées à Nantes, ainsi qu'à Besançon où l'engagement de l'entreprise IER dans les outils de renforcement des frontières à été dénoncée par de jeunes migrant·es. Le site Easier de Wavre en Belgique a, quant à lui, été largement désarmé et ses ordinateurs et appareillages mis hors d'usage.

    La collusion avec la recherche publique et les intérêts privés de Bolloré a été dénoncée par des rassemblements à Montpellier où le Cirad travaille sur l'amélioration génétique de palmiers à huile main dans la main avec la Socfin. Cette dernière incarne le pire de l'industrie néocoloniale et est visée par de nombreuses procédures judiciaires et ONG pour ses exactions. Cette collusion a également été dénoncée à Grenoble où l'université cautionne des activités extractivistes de lithium en mettant des fonds publics au service de la R&D de Blue Solutions qui prospère sur la croissance exponentielle de la production de batteries.

    Les entrepôts pétroliers de Bolloré Energy ont été ciblés à Strasbourg, dans le Loiret, dans la Nièvre ou aux environs de Poitiers par une marche carnavalesque clôturée par un plumage en règle du milliardaire carbo-fasciste.

    La mainmise politique de Bolloré sur les médias a été dénoncée au cours d'une action menant à la fermeture provisoire de son nouveau jouet : l'Ecole Supérieure de Journalisme de Paris (ESJ Paris). Son emprise croissante sur la production culturelle a été mise en cause par des interventions devant les locaux de Hachette Livre à Vanves, de Larousse et Fayard à Paris et de Lelivrescolaire.fr à Lyon. Des blocages, happenings et poses de dizaines de milliers de marque-pages ont eu lieu dans les enseignes Relay, partout en France. Ce sont ses outils de propagande, via son agence de pub BETC, qui ont été pointés à Pantin, alors que 300 panneaux publicitaires étaient détournés par des affiches anti-bolloré à Tours et que la tour crayon à Lyon arborait samedi soir un message géant projeté au laser « Boycott Bolloré ». Des lieux de culture détenus par Bolloré ont été visibilisés comme l'Arkea Arena à Bordeaux. Des professeures et parents d'élèves ont, de leur côté, diffusé une tribune invitant à s'organiser pour ne pas laisser les livres scolaires au main de Bolloré.

    La fronde a aussi touché quelques unes des luxueuses propriétés de Bolloré, payées par l'exploitation effrénée des êtres humains et la dégradation continue des territoires sur plusieurs continents. Le château Clarisse à Saint Emilion, aux environs de Bordeaux, dont Bolloré détient 40%, a été la destination d'une balade antifasciste. L'hôtel où Bolloré loge régulièrement les militants néo-nazis à qui il fait garder l'île du Loc'h a été assaillie et redécorée par les manifestant.es lors du bal de Fouesnant. La coalition « Levons les voiles » en a profité pour annoncer que son armada navale en vue de libérer l'archipel des Glénan de la bollosphère aurait lieu le 24 mai prochain. Le rendez-vous est pris !

    À Reims, Marseille, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Lyon, Besançon, Nancy...des rassemblements ont eu lieu au cœur des villes pour informer sur Bolloré, constituer des contre-pouvoirs, lui affirmer qu'il n'est définitivement pas le bienvenu dans nos quartiers et faire primer la solidarité sur les discriminations racistes, sexistes ou homophobes.

    L'empire du pire ne peut plus cacher ses méfaits. La croisade méthodique de Bolloré pour un nouvel ordre réactionnaire, climaticide est claire. Avant de viser, il faut pointer. L'implantation de ses activités sous leurs diverses formes et firmes est désormais connue. L'impunité est terminée. Nous allons continuer à désarmer Bolloré et la menace fasciste.

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  • 49-3 sur le budget : le coup de force doit être empêché !

    2 février, par Attac France

    La commission mixte paritaire des 30 et 31 janvier a trouvé un accord sur un projet de loi de finances pour 2025. Le texte sera présenté à l'Assemblée nationale ce lundi 3 février. François Bayrou a d'ores et déjà annoncé qu'il utilisera l'article 49-3 pour faire adopter ce budget, le plus sévère depuis des décennies. Ce nouveau coup de force doit être empêché !

    Le budget Bayrou reprend pour l'essentiel le projet de loi de finances du gouvernement de Michel Barnier... en y ajoutant des coupes supplémentaires.

    Parmi les mesures conservées dans le volet des recettes budgétaires figure la contribution différentielle sur les hauts revenus pour un rendement estimé à 2 milliards d'euros. Si ce projet constitue l'aveu de la régressivité de l'imposition des très hauts revenus, le rendement annoncé paraît très ambitieux (lien vers l'article de l'Observatoire). En recul par rapport au projet Barnier, cette contribution (comme celle sur les bénéfices des plus grandes entreprises) ne s'appliquera qu'un an au lieu de deux.

    Ont été conservées d'autres mesures symboliques, comme la taxe sur les rachats d'actions pour un rendement initialement évalué à 200 millions d'euros, un montant à rapprocher des près de 100 milliards d'euros de distribution de dividendes.

    Ou encore celle sur les transactions financières (TTF), dont le taux passe de 0,3 à 0,4 %. Son rendement, évalué à 1,8 milliard d'euros au taux de 0,3 % pourrrait augmenter de 450 à 500 millions d'euros. Enfin, la taxe de solidarité sur les billets d'avions est passée de 2,63 euros à 7,30 euros pour un billet en classe économique vers une destination européenne ou française.

    La survalorisation de ces mesures dans la communication gouvernementale résonne comme un hommage du vice à la vertu. La nécessité d'une plus grande justice fiscale, largement partagée dans la population, est reconnue. Mais les dispositions sont très insuffisantes s'agissant des recettes attendues et de l'impact sur la répartition des richesses. De ce point de vue, le volet « recettes » de ce texte maintient les déséquilibres et les injustices du système fiscal.

    S'agissant du volet « dépenses », la version de la CMP ajoute de nouvelles coupes budgétaires à celles prévues par le gouvernement Barnier. Il en va ainsi des budgets alloués à l'écologie, au logement, aux collectivités locales ou encore de la baisse de l'indemnisation des arrêts maladie des fonctionnaires. Les secteurs visés par la baisse des dépenses est tristement révélateur et éloquent.

    En résumé, ce projet de budget est en repli par rapport au projet de loi de finances initial sur les mesures et il maintient un niveau inédit de réduction des dépenses publiques. Pour Attac, ce budget va à rebours des enjeux.

    Un budget à contre-sens des urgences sociales et écologiques

    Les inégalités atteignent des niveaux records, comme l'a pertinemment démontré la note de la Direction générale de finances publiques sur les revenus et les patrimoines des foyers les plus aisés en France. Cette étude confirme ce que de précédents travaux, dont ceux d'Attac, ont déjà révélé : la hausse des inégalités est spectaculaire, la fiscalité joue un rôle d'accélérateur dans cette évolution. Réduire les inégalités, par la fiscalité notamment devrait être l'une des grandes priorités politiques. Ce gouvernement en a décidé autrement.

    Le réchauffement climatique et les dégâts environnementaux provoque des effets de plus en plus fréquents et préoccupants. Le gouvernement a décidé de ne dégager aucun moyen supplémentaire pour y faire face. Le « vivre ensemble » nécessite des services publics aisément accessibles et dotés de moyens suffisants. Le gouvernement a décidé de les pressuriser et d'ignorer les besoins de la population en la matière.

    La séance de ce lundi 3 février

    François Bayrou a d'ores et déjà annoncé actionner l'article 49-3, ce qui provoquera le dépôt d'une motion de censure. Celle-ci peut être votée, ce qui provoquerait la chute du gouvernement, ou être repoussée, le texte étant alors réputé être adopté par l'Assemblée nationale. Contrairement à ce qu'annoncent les soutiens du gouvernement, la censure ne poserait pas de problème majeur sur le plan budgétaire : des dispositions existent pour passer des mesures d'urgence nécessaires, comme l'a rappelé le président de la commission des Finances Eric Coquerel sur France Inter le 2 février.

    François Bayrou a par ailleurs déclaré que la population attendait davantage de stabilité. Or son budget va déstabiliser les services publics et continuer de nourrir les inégalités. Une stabilité digne de ce nom ne peut s'entendre que si elle est juste. Tel n'est pas le cas

    Dans une note du 20 février 2024, Attac a montré qu'il est possible de dégager 60 milliards d'euros de recettes supplémentaires sans faire contribuer davantage l'immense majorité de la population ni les PME. Les mesures que nous préconisons correspondent aux attentes d'une large partie de la population. Elles permettraient non seulement de faire face aux besoins sociaux et environnementaux mais également de contribuer à »refaire société ». Elles s'inscrivent dans une orientation faisant de la justice fiscale, sociale et écologique une réalité et seront la boussole de l'association à l'avenir.

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